Examen : Chapitre 1 de La Boîte à Merveilles N07
Texte de base
J'avais peut-être six ans. Ma mémoire était une cire fraîche et les moindres événements s'y gravaient en images ineffaçables. Il me reste cet album pour égayer ma solitude, pour me prouver à moi-même que je ne suis pas encore mort.
A six ans j'étais seul, peut-être malheureux, mais je n'avais aucun point de repère qui me permît d'appeler mon existence : solitude ou malheur.
Je n'étais ni heureux, ni malheureux. J'étais un enfant seul. Cela, je le savais. Point farouche de nature, j'ébauchai de timides amitiés avec les bambins de l'école coranique, mais leur durée fut brève. Nous habitions des univers différents. J'avais un penchant pour le rêve. Le monde me paraissait un domaine fabuleux, une féerie grandiose où les sorcières entretenaient un commerce familier avec des puissances invisibles. Je désirais que l’Invisible m'admît à participer à ses mystères. Mes petits camarades de l'école se contentaient du visible, surtout quand ce visible se concrétisait en sucreries d'un bleu céleste ou d'un rose de soleil couchant. Ils aimaient grignoter, sucer, mordre à pleines dents. Ils aimaient aussi jouer à la bataille, se prendre à la gorge avec des airs d'assassins, crier pour imiter la voix de leur père, s'insulter pour imiter les voisins, commander pour imiter le maître d'école.
Moi, je ne voulais rien imiter, je voulais connaître.
I. Étude de texte : (10 points)
- Complétez le tableau suivant :
- Auteur :
- La date des événements :
- Le genre de l’œuvre :
- Siècle :
- A l’aide de quelle image le narrateur décrit-il sa mémoire ?
-
a- « Ma mémoire était une cire fraîche ». La figure de style exprimée est :
- Une comparaison
- Une métaphore
- Une périphrase
...................................................................................................................... - Quel sentiment le narrateur éprouve-t-il dans ce passage ?
- Relevez une expression qui montre que le narrateur n’avait pas d’amitiés avec les autres bambins de l’école coranique.
- Dans la liste suivante, quels sont les mots qui n’appartiennent pas au champ lexical de la solitude ?
- Solitaire – Seul – Solidarité – Solitude – Solidité – Solide – Seulement – Unique – Isolé
- Relevez du texte un indice de l'écriture autobiographique :
- (« il me reste cet album pour égayer ma solitude ») Qui parle ? le narrateur adulte ou enfant ?
- Que permet au narrateur le rappel des événements passés ?
- L’enfant entretient des amitiés de courte durée avec ses camarades de l’école coranique. Dites pourquoi.
- Les camarades du narrateur aiment les jeux de violence. Dégagez dans le texte un indice qui le montre.
- À qui / quoi réfère le pronom souligné dans le passage ?
- Si vous aviez un enfant, est-ce que vous allez l’inscrire à l’école coranique ? Dites pourquoi.
II. Production écrite : (10 points)
Sujet :
Beaucoup de personnes aiment vivre dans la solitude. Et vous, de votre côté, que préférez-vous : vivre seul ou en société ?
Rédigez un texte dans lequel vous justifiez votre choix à l’aide d’arguments et d’exemples.
📌 Introduction littéraire
Dans la littérature francophone, la mémoire de l’enfance occupe une place essentielle. Elle est souvent perçue comme une source d’inspiration, de réflexion sur l’identité, et de compréhension de soi. Le texte que nous avons sous les yeux est un extrait marquant de La Boîte à merveilles, une œuvre emblématique d’Ahmed Sefrioui, qui évoque avec tendresse et nostalgie la solitude de l’enfant face au monde adulte.
🖋 À propos de l’auteur
Ahmed Sefrioui (1915-2004) est l’un des pionniers de la littérature marocaine d’expression française. Né à Fès, il a consacré sa vie à l’écriture et à la préservation du patrimoine culturel marocain. La Boîte à merveilles, publiée en 1954, est considérée comme le premier roman marocain francophone. C’est un roman autobiographique dans lequel l’auteur revisite ses souvenirs d’enfance à travers le regard d’un jeune garçon sensible et observateur.
🔍 Analyse complémentaire du texte
Ce passage illustre parfaitement le regard intérieur de l’enfant, à la fois émerveillé par l’imaginaire et isolé dans sa différence. La métaphore de la « cire fraîche » symbolise la sensibilité et la réceptivité de la mémoire enfantine. L’enfant narrateur se distingue de ses camarades par son goût du rêve, du mystère, et par son refus de l’imitation. Il cherche à comprendre, à explorer, alors que les autres enfants reproduisent ce qu’ils voient dans leur environnement.
Le contraste entre le monde visible et invisible est frappant. Pour le narrateur, l’invisible représente une richesse, une magie, alors que ses camarades s’en tiennent au concret, au tangible. Cette opposition enrichit le message du texte et met en lumière l’isolement de l’enfant face à une société qui ne comprend pas toujours sa différence.
🧠 Lecture pédagogique
Ce texte est souvent étudié en classe pour ses qualités autobiographiques et sa richesse stylistique. Il permet aux élèves de comprendre la structure d’un récit personnel, d’identifier les figures de style comme la métaphore, et de réfléchir à la manière dont un auteur peut transmettre des émotions à travers des souvenirs.
✍ Exemple de production écrite (modèle + idée )
Vivre seul ou en société ?
Personnellement, je préfère vivre en société, car l’être humain est un être social par nature. Vivre avec les autres permet d’échanger des idées, de partager des moments de joie, et de s’entraider dans les moments difficiles. Par exemple, à l’école, j’apprends mieux lorsque je travaille en groupe. À la maison, je me sens heureux lorsque je suis entouré de ma famille. Bien sûr, il est aussi important d’avoir des moments de solitude pour réfléchir ou se reposer, mais je pense que la vie en communauté est plus enrichissante et épanouissante.
